Des salariés de la société Téléperformance (Blagnac) menacent de débrayer pour dénoncer un logiciel qui les contraint d’envoyer un mail à leur supérieur avant de partir en pause.
Sur le plateau d’appels de la société Téléperformance à Blagnac, en banlieue toulousaine, la pause-pipi relève désormais du parcours du combattant. La faute à un nouveau logiciel, que ses concepteurs ne manqueront sans doute pas de présenter comme un nouveau progrès technologique capable de booster la compétitivité des entreprises…au mépris de la dignité proprement humaine de ses salariés.
Mail obligatoire
SFR-Numéricable, l’un des clients de Téléperformance, n’a pas résisté aux sirènes de cet outil informatique baptisé CAV (Centre Appel Virtuel) qui permet à ses utilisateurs d’éliminer la paperasserie et de saisir les données directement sur l’écran de leur ordinateur au fur et à mesure des appels téléphoniques. Mais le diable se cache souvent dans les détails : à Toulouse, les personnels préposés au CAV ont découvert avec effarement que le nouveau logiciel prévoyait également un mode de gestion du temps de travail assez tyrannique, qui risque de se révéler très vite ingérable. Les pauses, notamment, sont comptabilisées avec une minutie d’horloger qui contraint les salariés à envoyer, par mail, une demande préalable d’absence à leur supérieur, y compris s’il s’agit d’aller se soulager cinq minutes aux toilettes.
Cette règle inflexible s’applique à « toutes les pauses, même les physiologiques », a dénoncé un élu CHSCT de l’entreprise qui rappelle que le temps de pause réglementaire auquel chaque salarié peut prétendre en vertu du Code du Travail (article L3121-33), est « d’une demi-heure de pause pour boire, aller aux toilettes, manger… »
Un délégué CFDT a indiqué qu’un préavis de grève avait été déposé pour vendredi à partir de 14 heures pour protester contre ce logiciel. La direction de l’entreprise n’a, pour l’instant, pas réagi.